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  • « Joël Paubel, plasticien, enseignant, jardinier » dit-il pour se présenter sur son incontournable site ; rien à ajouter ? Si ! Comme dans un conte de Grimm ou d’Andersen, la trajectoire à pas comptés d’un fils de paysans bressans, pas né de la dernière pluie. Très tôt je découvrirai son atelier de Cachan et les toiles sur les murs ; ma préférence pour son Malevitch/Ryman ensemencé Paubel : les épis de blés rapportés de sa campagne, moulés et peints en blancs, collés en rang d’oignons, disposés sur fond blanc… Déjà une hypersensibilité artistique et, dans le droit fil des combats paternels, une fibre écologique, environnementale, agronomique (nomos, la loi), la fierté des racines…déplantées, replantées, avec toujours une préférence marquée pour les rhizomes et circuits souterrains, le désir ardent de peindre et de dépeindre une réalité paysanne, agricole… et de se projeter, d’avancer, de témoigner, en résistant à toutes les formes d’accommodement avec l’art officiel et  la planification incrustée dans nos têtes.
  • …. redevenu un paysan dans l’âme. Mais, comment ne pas relever les mille et uns acquis de son passé non révolu de peintre ultracontemporain ? Il en partage encore tous les soucis, les façons de faire, les engagements multiples. Il sera un des premiers à intégrer le drame écologique dans l’art et la peinture ; pas d’autre façon pour lui de respirer, inutile d’insister. Au-delà de ce devoir éthique, existentiel, je pense aussi à sa façon archi méticuleuse de préparer le travail, à cette hantise de toujours remettre l’ouvrage sur le métier, à ce besoin de vivre la création en pensant, en pesant chacun de ses choix et gestes, et de réinventer le parcours en l’intégrant à l’œuvre. Je pense aussi à ses dizaines d’installations, cohérentes, audacieuses, où l’on suit la piste des animots pour passer de serres… en cerfs ! Et puis comme une somme provisoire, mais clairement nécessaire, le vrai retour aux sources, une greffe ou une bouture de son je naturel et de l’autre culturel, de son histoire et de ses traversées, d’un je et de son jeu ; sentiment d’un dialogue infini dont il me ferait le destinataire « avisé »
  • ….Mars 2021, quelques décennies après notre « D’œil plurielles », un nouveau rendez-vous de travail pour parler du projet et choisir les travaux et dessins qu’on trouvera dans un livre et une exposition. « Ce travail graphique a débuté avec ma formation récente d’horticulteur, rappelle-t-il opportunément. J’ai constaté que mes dessins s’organisaient comme le sont mes semis, plantations, ratissages, paillages et autres gestes agricoles. Il y a peut-être, dans la représentation de ces motifs et patterns, en attendant de retrouver le jardin, une projection, un désir de fertilité, de fécondité et de croissance. » Y lirais-je un aveu, sa propre vérité, ses convictions intimes ? Peut-être, mais plus sûrement encore le « dedans » de l’aventure, qui gouvernera l’esprit et fécondera ses gestes : travail à l’intérieur et l’action au grand air. Dehors dedans !  Dehors, ce sont ces terres à entretenir, les plants à cultiver. Ces lieux surinvestis où le réel traverse l’imaginaire. Dehors c’est le dedans qui sort … qui se défait de lui-même ! « Dehors comme sortir de soi-même » dit André du Bouchet quand il fait signe vers la naissance de l’art et l’émergence de l’œuvre ! La vie et tous ses avatars, le parcours sans frontière qui va de la vie à l’œuvre…

Didier Cahen « extrait de Qui hante les bocages de D. Cahen et J. Paubel

https://fr.wikipedia.org/wiki/Didier_Cahen

https://www.franceculture.fr/emissions/talmudiques/filiations-poetiques-12-les-peres-que-lon-se-choisit

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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