NOIR

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Chassez le naturel… Voyez ce qu’il en reste. De multiples paysages, comme la capture de l’écran de ses rêves, et la carte du chemin de croix qui passe par le Crozet, berceau de l’aventure. Une véritable épure. La vraie campagne-nature et ses aspérités avec ses arbres touffus ou sa vache moutonnière, là encore redoublée par son ombre fictive. Les éléments (sale temps en apparence, et j’imagine vent fort en perspective) griffonnés, transpercés avec de petits traits. Pas de vue panoramique, pas de personnage mais la nature humaine. L’imaginaire qui parle comme un abécédaire. Et le feu qui rougeoie, flamboie, jaunit, bleuit le ciel derrière ; infiniment censé rappeler le vide, colorer la lumière. En somme, un paysage unique, réduit à son expression la plus simple comme la mémoire et le réservoir d’une humanité un peu moins tapageuse. Et l’écriture de soi entre les lignes de fuite. Sachons ouvrir les yeux. Cherchez et vous trouverez en contrechamp le portrait d’un artiste artisan(t) que hantent les bocages.

Didier CAHEN – extrait de « …qui hante les bocages » de Didier Cahen et Joël Paubel – éditions Illador 2022

Fondu au noir – Si Joël Paubel était un film, il serait « Charlie et la chocolaterie ». Des séquences de sa vie nous le montrent, loin des musées et des amphis de Paris, lorsqu’il renoue avec ses terres bressanes. Le voici qui marche, jusqu’aux «Tronchailles», sur les traces toujours vives de ses parents paysans maintenant retraités. Et là où l’aîné s’arrêtait pour rouler son Scaferlati gris, Joël, extrait d’une poche de son veston sa boîte de chocolats signés Patrick Roger, homme de goût s’il en est puisqu’il est aussi sculpteur. C’est chez lui, dans sa galerie place Saint-Sulpice à Paris, que Joël expose. Des œuvres que notre passionné de nature conçoit tout autant en travaillant que lors des pauses semblables aux pauses cigarettes du paternel revenues soudain en flash-back. On pourrait presque dire que Joël ex-pause. Il y a des artistes qui ne rêvent que du Grand-Palais ; Joël, lui, privilégie le petit, celui sous lequel se diffusent les plus fines saveurs nées de la fève. Et parfois, quand la boîte de chocolats est vide, c’est directement dans le vert émeraude du couvercle qu’il peint ou dessine. Avant de refermer l’objet comme un clap de tournage. Fondu au noir, l’artiste.

Didier POBEL

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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