DÉPLIANT

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La Terre vue du ciel

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La Terre vue du ciel

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La Terre vue du ciel

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Citations (projet)

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1/ Le 1% commande publique :

La réglementation française donne obligation à toute personne publique qui assure une construction de conserver 1% du montant des travaux à l’édification d’une œuvre artistique.
À l’issue d’un concours, Joël Paubel a été désigné comme artiste lauréat pour le nouveau bâtiment de l’Institut national de recherche pédagogique de Lyon en 2005

2/ Le projet d’ensemble :

Le 1% artistique choisi est un ensemble design et arts plastiques renouvelable. À ce titre, l’artiste désigné est commissaire et scénographe.

Son projet est inspiré par l’architecture du nouveau bâtiment et par l’héritage du 29 rue d’Ulm où résidait l’INRP depuis sa création à Paris.

À Lyon, le rez-de-chaussée du bâtiment est aménagé en galerie d’exposition, tout comme l’était le siège de la rue d’Ulm où de grandes et définitives vitrines occupaient les murs de la galerie.

À Lyon, c’est un long dépliant mobile qui occupe la partie centrale de la galerie spatieuse du nouvel INRP.

Les puits de lumière et les ouvertures sur le jardin donnent un bel éclairage capté par les pentes du meuble central.

Les spectateurs se déplacent de part et d’autre, contournent et approchent les objets déposés à mi-hauteur, entre table haute et table basse.

Le meuble de présentation est ouvert et adaptable à toutes formes d’œuvres et de documents.

Des panneaux pliés et dépliés se glissent et se calent sur les plans inclinés suivant la nature des pièces exposées.

La scénographie de l’ensemble diffèrera d’une présentation à l’autre : à chaque exposition son installation.

Pour l’exposition inaugurale, des dessins ont été commandés à des artistes et chercheurs.

Cette première manifestation s’inscrit en écho à l’exposition “Un art pour tous : le dessin à l’école de 1800 à nos jours” présentée au Musée national de l’éducation de Rouen depuis décembre 2004.

La seule exception murale et définitive, en regard du dispositif d’installation, c’est  l’étagère qui accueille, venus de l’ancien bâtiment de Paris, vingt-cinq bustes de pédagogues et éducateurs illustres. D’autres penseurs et chercheurs peuvent s’ajouter à la liste.

Le meuble, l’alignement des images, l’étagère, la répétition des bustes, mettent l’espace en perspective.

3/ Le dépliant d’exposition :

C’est la mise en perspective d’une recherche. Un long dépliant occupe le centre de la Galerie, meuble le rez-de-chaussée, va dans le droit chemin de la pédagogie.

Sept sculptures mobiles au design inspiré du Zig zag de Rietveld et de la Chaise longue de Le Corbusier sont alignées et reliées entre elles. C’est l’escalier déplié de Marcel Duchamp.

Sept fois trois marches taillées dans le nombre d’or font office de bureaux,  tables et tableaux.

Sept monoblocs mobiles, blocs mots groupes nominaux, suivent la syntaxe de l’exhibition.

L’angle des plans relevés est calculé entre inclinaison et inclination.

C’est à la fois le livre déplié de Warja Lavater et les plis et plans du livre de Katsumi Komagata.

J’atteins les deux mètres vingt six centimètres bras levé et mon plexus est à un mètre treize du sol soit la hauteur du meuble modulor.

D’autres modules pliés s’installent sur ces plans inclinés. Plis sur plis façon Leibniz et Deleuze.

Ces objets plissés se déclinent et s’adaptent comme autant d’étagères, de socles, de châssis et de chevalets, de pupitres et de lutrins.

Ce meuble modulor et modulable inaugure et supporte un premier dessein.

Design signifie à la foi dessein et dessin. C’est de l’ anglais et du latin : designare, dessigner, desseigner pour dire dessiner, montrer, indiquer.

Former le projet et tracer les contours à coup d’esquisses et de repentirs. Tirer un trait et porter une ligne qui pense et décide de Michaux à Klee, de Vinci à Beuys.

Des graphistes, stylistes, vidéastes, chorégraphes, photographes, plasticiens, musiciens, astronomes, biologistes, sont invités à nous livrer leurs pensées pour cette première bande dessinée.

Les meubles pourront se déplacer, les plis se faire et se défaire pour les manifestations à venir sous le regard toujours bienveillant des vingt-cinq illustres installés dans leurs alcôves.

4/ Les artistes et chercheurs invités :

Ianna Andréadis / photographe, Émilie Brisavoine / dessinatrice, Laurent Cuniot / compositeur, Clément Deneux / vidéaste, Marie Gaillard / styliste, Sokina Guillemot / designer, François Jacquet-Francillon / philosophe, Patrick Rocher-William Thuillot / astronomes, Emmanuel Jolivet / statisticien, Virginie Lefebvre / photographe, Laurianne Lopez / illustratrice, Patrice Mortier / plasticien, Christine O’loughlin / plasticienne, Béatrice Martin-Sabine Bockaert / vidéastes, Nils Paubel / vidéaste, Eva Pichon / styliste, Bernard Pradier / plasticien, Jean-François Py / plasticien, Ramsa / plasticienne, Cécile Reboul / plasticienne, Albert Constantin-Lionel Boulay / architectes, Baptiste Roux / plasticien, Alain Séchas / plasticien, Johan Thuillot / designer, Nicolas Couturier-Xavier Figuerola / graphistes, Hubert Tricot / graphiste, Laurent Pillaud-Béatrice Vivien / architectes.

5/ Les illustres exposés :

Pierre Abélard ( 1079-1142 ), Alcuin ( 735-804 ), Vincent de Beauvais ( 1190-1264 ), Paul Bert ( 1833-1886 ),  Guillaume Budé ( 1467-1540 ), Jean Calvin ( 1509-1564 ), Guillaume de Champeaux ( 1070-1121 ), Condorcet ( 1743-1794 ), René Descartes ( 1596-1650 ), Denis Diderot ( 1713-1784 ), Victor Duruy ( 1811-1894 ), Fénelon ( 1651-1715 ), Louis de Fontanes ( 1757-1821 ), Gerson ( 1363-1429 ), Lucien Herr ( 1864-1926 ),  Joseph Lakanal ( 1762-1845 ), Jean Lerond d’Alembert ( 1717-1783 ),   Jean Macé ( 1815-1894 ), .Jules Michelet ( 1798-1874 ), Michel de Montaigne ( 1533-1592 ),  Maria Montessori ( 1870-1952 ), Blaise Pascal ( 1623-1662 ), Edgar Quinet ( 1803-1875 ), François Rabelais ( 1494-1553 ), Ramus ( 1515-1572 ), Charles Rollin ( 1661-1741 ), Roscelin ( 1050-1120 ), Jean-Jacques Rousseau ( 1712-1778 ),  Voltaire ( 1694-1778 ).

6/ Le commentaire de François Jacquet-Francillon :

Joël Paubel a convoqué d’illustres figures de l’histoire éducative. Il les a disposées dans l’espace vertical : comme pour une photo de classe, c’est à s’y méprendre.

On dirait qu’ils sont contemporains les uns des autres et qu’ils se sont appelés pour former ce groupe de semblables. Ils nous donnent l’envie de nous rendre plus proches encore de cette scène immobile et silencieuse, de nous immiscer au premier plan de leur spectacle et de nous fondre parmi eux. Comme ces rustres qui arrivent après la bataille, prennent des airs de vainqueurs et gravent leur nom, que personne ne connaît, sur des ruines que tout le monde admire.

Les bustes pédagogiques nous feront d’abord apprécier le passé – le passé en soi. A l’instar de ces murs abîmés auxquels la dégradation confère un nouvel intérêt, à la fois esthétique et historique. Mais la plus visible de ces traces d’usure, quelle est-elle en l’occurrence? C’est le nez cassé de Maria Montessori… On en déduira sans méchanceté que le temps aggrave surtout le sort des femmes.

Cependant ces objets anciens ne forment pas un décor mais un monument. Et l’essentiel est l’intention du monument, c’est-à-dire celle de l’artiste, qui n’a pas instauré une suite logique, mais qui a mêlé des moments singuliers, porteurs d’une signification complète : le Moyen Âge des écoles cathédrales ou des universités, la Renaissance de Budé, de Montaigne ou de Calvin, la science de Descartes ou celle de Diderot, la liberté de Condorcet et de Rousseau, etc.

Joël Paubel avait jadis gravé une immense ellipse dans le sable du Mont Saint-Michel. Une autre fois, il avait disposé dans une verte prairie un troupeau de mérinos à l’image d’une constellation stellaire, le Bélier. L’artiste imprimait un ordre géométrique à la surface visible de l’ordre vital. Toutefois, l’artifice, presque parfait dans son genre de calcul, était propre à s’évanouir illico presto sous l’effet des forces naturelles.

La collection des personnages, ou d’événements personnifiés, désigne à son tour une somme labile d’ordres provisoires. Elle crée de ce fait une inquiétude relative à l’histoire elle-même, toujours détournée de son cours, et que représente mal la chronologie, parce qu’elle ne suit pas la flèche du temps.

Les statues, nombreuses dans l’environnement urbain depuis le XIXe siècle et la Troisième République, ont pour fonction d’attribuer à nos grands hommes une espèce de sainteté démocratique sous couvert de ce qu’on nomme l’héroïsme. Mais si les vrais saints, ceux des églises, recèlent une passion immémoriale, qui exige une soumission à l’autorité des ancêtres, en revanche (prenons cette formule à la lettre), les héros statufiés sont autant d’exemples mémorables, situés par des récits qu’il faut toujours refaire et redire. Ils fournissent la matière d’une législation du souvenir.

On y cherche encore une origine, dira-t-on. Certes, mais c’est celle de nos aventures, individuelles ou collectives. De tels récits nous incitent à faire le deuil de la transcendance, voire de toute forme de nécessité, en révélant que nos existences, même lorsqu’elles poursuivent un idéal, ne s’attachent pas à une filiation, et se déroulent comme elles surviennent, sans le savoir de leurs ascendances.

Si, en contemplant ces visages, notre plaisir est celui des retrouvailles avec ce qui a été vivant et qui nous parle encore, il s’y mêle une surprise rétrospective, à l’idée de ce qui aurait pu ne jamais advenir, ou n’advenir que dans l’insignifiance, qui n’a rien à transmettre. Les remémorer, c’est les protéger, préserver ce qui est fragile en eux, enclin à disparaître. Parce que l’oubli ferait perdre ce qui est unique et, plus encore, d’une unicité qui pourrait bien n’être que le fruit du hasard. Le passé figuré, qui nous provoque ainsi à une sorte de méditation, administre un avertissement, une monition.

Nos statues familières ont une sorte de jouissance privative de leur coin de ville, chacune au  détour de sa rue, au cœur de son jardin, à l’ombre de son  feuillage. Mais elles n’ont pas de vraie demeure parce qu’elles sont installées là où personne ne peut élire domicile : dans des lieux publics.

Auguste Comte prévoyait que la vénération des grands hommes, et à travers eux de l’Humanité toute entière, demanderait de véritables chapelles, où se tiendraient des cérémonies et toutes sortes de solennités.

De fait, nous croiserons désormais les bustes de cette histoire édifiante ni dehors ni dedans : dans un hall. Rangés sur une bibliothèque ? Il faut plutôt songer à un tabernacle : un endroit propre au dépôt d’une vérité. Nous devrons montrer que nous en retenons l’annonce, même si nous ne la comprenons pas encore. Juste en apercevoir la présence, à travers des noms, des dates, des titres.

Bien sûr, nul besoin d’y regarder de plus près, les personnages que les bustes rappellent à notre meilleur souvenir n’aurait pu se réunir. On devine à les regarder tout un bruissement de paroles contraires. Au centre, Rousseau et Condorcet n’utilisèrent pas, prétend-on aujourd’hui, la même langue politique.

Mais je ne considère pas cette diversité, ni d’ailleurs celle, plus évidente et factuelle, des époques auxquelles ils ont vécu, puisque de toutes façons, nous savons les en abstraire pour les convoquer dans notre présent. Ainsi procèdent nos livres d’école. Non, je pense au mélange inattendu qui donne à l’édifice un charme singulier, comme pour les villes dont la grâce de l’ensemble tient justement à la coexistence aléatoire des parties singulières et divergentes. Il y a toute une variété de styles, de goûts, de modes, chaque coin de rue est une frontière et, sous le porche de chaque immeuble, au pied de chaque perron, on entrevoit un monde qui nous retient un instant à part des autres. Or la succession des maisons, les unes après les autres dans l’espace et le temps, engendre la beauté rare d’une œuvre accomplie en l’absence de plan.

L’histoire ne comporte que le pseudo désordre des événements, et elle s’accomplit sans le secours bienveillant d’un deus ex machina ; mais quand tout est fini, nous éprouvons le sentiment d’une réussite d’autant plus radieuse qu’elle est imprévue. Ce doit être simplement que se représente alors la durée, et rien d’autre.

 

 

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