ÉTERNITÉ

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Atelier d’écriture du jeudi 3 décembre avec Frédéric Ciriez.

https://www.editionsladecouverte.fr/frantz_fanon-9782707198907

https://fr.calameo.com/read/00021502289cebb7380fe

https://www.philomag.com/articles/frantz-fanon-de-frederic-ciriez-et-romain-lamy

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Le travail d’écriture se fera à partir du thème de l’enfermement (Lire ci-dessous le texte de Victor Hugo et « L’éternité par les astres » écrit par Blanqui du fond de son cachot, et voir ci-dessus les images du Mont-Michel)

lettre_hugo_mont-saint-michel

Blanqui_eternite_astres

Vous faites partie des bagnards présents sur cette photo. Mais quel travail étiez vous en train d’accomplir ? Racontez.

Lire ci-dessous le texte de Lucie Breton, étudiante de quatrième année inscrite à l’atelier d’écriture. 

J’ai de la pluie jusque dans mon caleçon. Putain ça s’infiltre partout, ça n’aura vraiment servi à rien ces cirés jaunes. Et le froid là aussi, mais je n’en peux plus, je vais finir par clamser moi ici. Tu parles, « nous vous accordons une chance inouïe, soyez-en conscient, ne nous décevez pas », qu’ils nous ont dit. Si c’est ça leur « chance inouïe » ils auraient mieux fait de me laisser dans ma cellule, j’y suis tout autant au grand air avec le vent et la pluie qui y entre. Mais au moins on me fait pas chier à creuser dans le sable toute la journée. Ils nous ont même pas dit pourquoi qu’on faisait ça. Lescamouille me chuchotait d’t’à l’heure que c’est parce qu’ils sont tous en train de devenir fou les chefs. M’dame la Directrice, le préfet de police, les geôliers, tous zinzin. Il les a surpris en train de parler de leur projet de fous à lier quand il était de nettoyage du couloir du 3e étage. V’là qu’il pense que le taudis sur lequel on gît, le Mt du Saint-Michel, serait (et je cite ce que m’a répété Lescamouille) « le lieu d’un point névralgique cosmologique universel ». Ca voudrait dire une sorte de portail vers l’univers m’disait Lescamouille. Et là, on est en train de tracer un signal, comme quoi que ça y est, on est prêt à rentrer en contact avec l’univers, quoi. On lui envoie notre télégramme de bienvenue à l’univers en quelque sorte. Du coup, les v’là à tous s’agiter comme des fous, à nous crier dessus de bien faire attention au tracé, sinon ça marchera pas leur histoire.

Mais moi, je me demande bien ce que ça peut lui faire à l’univers qu’on soit prêt à lui parler. On le connaît même pas, on sait pas comment ça va réagir là-haut en voyant la bande de singes qui parlent qu’on est leur faire des signaux sur le sable. Ça se trouve ils vont bien se rendre compte une fois pour toutes qu’on est que d’là vermine, tous autant qu’on soit, et bim, nous rayer de la carte du cosmos comme on s’écrase les poux d’la tête. Mais c’est bien un truc de chefs, ça. Ils se plient en quatre pour faire coucou au cosmos, mais quand il faut s’occuper des gens qui vivent sous leur nez y’a plus personne. Moi je m’en serais bien passé de me retrouver dans ce trou à rat pour 60 ans. Y a plus de justice qui tienne alors faut qu’on se la fasse nous-mêmes. Et pour ça, on se retrouve fusillés contre un mur ou en taule jusqu’à ce qu’on y crève. Et ceux-là même qui nous y mettent, ils finissent par vouloir parler aux étoiles. J’espère bien que si ça veut dire quelque chose que de mourir et que de monter au ciel, alors que les fusillés d’leur paradis ils doivent bien être assez énervés de voir ceux-là qui les y ont mis, de se mettre à leur faire des déclarations dans le sable plutôt que de vraiment faire leur boulot ici-bas.

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