LA ROUE

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Marcel Duchamp (1887-1968) Roue de bicyclette (1913/1964) Assemblage d’une roue de bicyclette sur un tabouret
 – Métal, bois peint
 -126,5 x 31,5 x 63,5 cm – MOMA 1951

 

« Quand j’ai mis une roue de bicyclette sur un tabouret la fourche en bas, il n’y avait aucune idée de ready-made ni même de quelque chose d’autre, c’était simplement une distraction »[1].

Marcel Duchamp crée la première version de cet assemblage -roue de bicyclette et tabouret- dans son atelier de Neuilly en 1913.

Il quitte la France pour s’installer aux États-Unis en août 1915. Dans son atelier américain, il assemble une seconde roue de bicyclette et un tabouret, « la roue de bicyclette étant destinée à être mise en mouvement »[2] pour sa « capacité hypnotique ». Marcel Duchamp, Passionné de cinéma, en tira certainement des effets stroboscopiques.

La « Roue de bicyclette sur un tabouret » est un collage de ready-made. Marcel Duchamp est à ce moment plus surréaliste que dadaïste si l’on reprend l’emblématique phrase de Lautréamont [3] « Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie ! ».

Cet assemblage peut-être aussi considéré comme une sculpture sur son socle en regard de l’amitié qu’avait Marcel Duchamp pour Constantin Brancusi.

En 2009, dans « L’Orgie de la tolérance[4] », Jan Fabre cite Marcel Duchamp en invitant un danseur à poser son sexe sur les rayons d’une «roue de bicyclette mise en mouvement» pendant toute la durée du spectacle.

Le Centre Pompidou possède la sixième version des huit exemplaires de la « Roue de bicyclette » édités par la galerie Schwarz de Milan, en 1964, sous la direction de Marcel Duchamp.

La roue est fabriquée industriellement par la Manufacture d’armes et cycles de Saint-Étienne. Les huit tabourets sont de fabrication artisanale.

Le montage original réalisé en 1913 est aujourd’hui perdu. La roue provenait déjà de Saint-Étienne, le tabouret était une pièce unique. John Ruskin et William Morris auraient apprécié une telle machine à réfléchir.

Joël, Culture design, septembre 2013

 

 


[1] M. Duchamp, Entretiens avec Pierre Cabanne, Paris, Somogy Éditions d’art, 1995, p. 58.

 

[2]  “ J’aimais la regarder, juste comme j’aime regarder les flammes danser dans une cheminée », in Georges Charbonnier, Entretiens avec Marcel Duchamp, Marseille, André Dimanche Éd., 1994, p. 60.

[3] « Les Chants de Maldoror », chant VI 1869.

[4] L’Orgie de la tolérance, Jan Fabre, Lycée Saint-Joseph, Avignon, été 2009.

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